Compte rendu de Le français québécois et la légitimité de sa description
MARTEL, Pierre, Nadine Vincent et Hélène CAJOLET-LAGANIÈRE, Université de Sherbrooke, 1998 : «Le français québécois et la légitimité de sa description », dans Revue québécoise de linguistique, vol. 26 n. 2, 1998, Montréal, pages 95-106.
Cet article, rédigé par 3 linguistes de l’université de Sherbrooke, s’intéresse principalement au phénomène de la variation lexicale à travers la francophonie. Cela n’est une nouvelle pour personne, il existe des écarts entre le français québécois et le français dit standard. Pourtant, les Québécois n’utilisent-ils pas les mêmes dictionnaires que leurs cousins français? Il existe donc une norme, on peut affirmer que le français écrit est pratiquement le même de chaque côté de l’Atlantique. Cependant, les québécois ne vivent pas la même réalité politique qu’en France. À partir de cette perspective, les auteurs ont voulu avec ce texte, entreprendre un questionnement sur la place du vocabulaire sociopolitique québécois dans les ouvrages dictionnairiques français.
Pour délimiter leur enquête, les chercheurs ont analysé 100 mémoires de la commission Bélanger-Campeau qui traitait de l’avenir du Québec dans la constitution canadienne en 1998. Ces textes soignés proviennent de différents milieux, ils sont donc très représentatifs de toutes les sphères de la société québécoise. Quelques mots employés fréquemment pour décrire notre réalité furent retenus et classés en trois thèmes ; groupes humains, option constitutionnelle et identité.
Voici un bref coup d’œil des mots retenus et de leur subdivision:
Groupes humains : -nation -société -pays
Option constitutionnelle : -autonomie -souveraineté -fédéralisme
Identité : -canadien -québécois -canadiens-français
Pour démontrer la thèse que les définitions des dictionnaires français ne correspondent pas toujours au sens québécois, le terme nation fut analysé. Dans le Petit Robert, une nation est brièvement un groupe humain constituant une communauté politique souveraine. Ce qui revient à dire que les québécois en fait ne serait pas une véritable nation. De cet exemple, on peut conclure qu’il y a un écart sémantique qui mériterait d’être mieux défini. D’ailleurs, des expressions couramment utilisées comme société distincte, souveraineté-association ou le beau risque devraient avoir leur entrée dans le dictionnaire. Un étranger peut très difficilement se repérer sur le sens de ses mots avec un Petit Robert.
Actuellement les dictionnaires disponibles ne se contentent que de décrire l’univers français. La langue de Molière ne peut se targuer du titre de langue universelle si dans tous les ouvrages qui la représentent font de la France le nombril du monde. Une option facile à ce problème serait de produire nous-mêmes un dictionnaire québécois reflétant mieux notre réalité politique, mais se faisant nous provoquerions une séparation linguistique. Selon le point de vue des auteurs, il serait beaucoup plus préférable d’inclure nos termes dans les dictionnaires déjà existants.
En regardant un peu ailleurs, nous pouvons constater que d’autres pays comme les États-unis, le Brésil et le Mexique ont depuis longtemps appuyé idéologiquement et financièrement la publication de dictionnaires reflétant les usages selon leur réalité. Le Webster américain existe depuis 1806 et les dictionnaires brésiliens ont supplantés depuis longtemps en popularité les versions originales portugaises. Il semble que le Québec tire de la patte depuis longtemps en matière d’affirmation linguistique.
En conclusion, plusieurs facteurs expliquent le fait que le français québécois n’a pas toute sa place dans les ouvrages français. Il est impossible nier que nous n'avons pas le même poids démographique et par ce fait nous constituons un beaucoup plus petit marché. Le message lancé par les auteurs est que dans le but de nous préserver et de nous épanouir en tant que communauté francophone, il serait légitime que nos mots et nos expressions soient officialisés. Le but n’est pas de créer un schisme linguistique, mais de tisser des liens entre nos usages et ceux des autres francophones.
Bienvenue dans ce blogue créé dans le cadre d'un cours de l'Université du Québec à Chicoutimi!
dimanche 23 septembre 2007
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